Jacques BODY est un universitaire français, normalien, agrégé des Lettres, professeur des universités, Président honoraire de l’Université François-Rabelais (Tours). Spécialiste de littérature française et comparée, en particulier biographe de Jean Giraudoux et l’éditeur de ses Œuvres complètes (trois volumes de la Pléiade).
- Né à Angers le 16 juin 1929, le dernier d’une fratrie de quatre garçons. Mère institutrice, père représentant de commerce.
- 1940-1946 : élève boursier au lycée David d’Angers de la 6e à la 1ère. Son avenir se dessine en classe de seconde sous l’influence d’un jeune agrégé de Lettres qui sort tout juste de la rue d’Ulm, Jean Pouilloux, brillant helléniste, futur Athénien et membre de l’Institut.
- 1946-1947 : Lycée Condorcet, sa famille s’étant regroupée à Paris où tous ses frères faisaient leurs études. Double baccalauréat, Math-élèm en juin, Philo en septembre .
- 1947-1950 : Lycée Henri IV, hypokhâgne et khâgne. Enfant, il se destinait à une carrière scientifique comme ses frères et n’avait pas fait de grec. Il s’y met seul, ses parents n’ont pas les moyens de lui payer des leçons particulières, mais il se lie à une étudiante, sœur d’un ami de son frère, Lise Éthévenaux, déjà licenciée ès-lettres, près de qui il apprend le grec. Au bout de deux ans, il est certifié de grec et admissible à l’ENS, et reçu à son second concours, plus chanceux que ses meilleurs camarades et amis, Pierre Vidal-Naquet et Charles Malamoud.
- 1950-1953 : Élève à l’École normale supérieure, interne la première année, externe après son mariage avec Lise Éthevenaux (2 août 1951. ils ont fêté en 2019 leurs noces de granit, 68 ans d’union). Agrégé des Lettres (sous-entendu : classiques, l’agrégation de Lettres modernes ne sera créée qu’en 1959).
- 1953-1954 : Un an de service militaire : École des Officiers de Réserve (artillerie antiaérienne) à Montpellier, d’où il sort aspirant. Affecté à l’École militaire, Paris VIIe, il devient officier interprète de photos aériennes.
- 1954-1956 : Professeur au lycée de Valence (Drôme). Lise est professeur au collège de Romans-sur-Isère, où ils habitent.
- Mai-octobre 1956 : rappelé en Algérie, sous-lieutenant chef de section.
- 1956-1962 : professeur au lycée de Toulon, chargé bientôt de classes préparatoires, puis de deux classes d’’hypokhâgne (HK classique pour le grec et HK moderne pour le français).
- 1962-1967 : Assistant (4 ans) à la Sorbonne en Littérature comparée, il a repris pour sa thèse de Doctorat d’État le sujet du mémoire de DES de Lise : « Jean Giraudoux et l’Allemagne » sous la direction du Professeur Charles DÉDÉYAN. Chargé en particulier de Travaux pratiques pour l’IPES et pour l’agrégation de Lettres modernes. Inscrit sur la liste « large », il pourrait rester à la Sorbonne comme Maître-assistant.
- Octobre 1967 : Inscrit sur la liste « étroite », il est élu « chargé d’Enseignement Supérieur » (emploi catégorie A) à la faculté des Lettres de l’Académie d’Orléans-Tours, il fonde ainsi à Tours le département de Littérature comparée. Successivement nommé Directeur de l’IPES (1969), élu Directeur (« Doyen ») de son UER (1970) puis Président de l’Université (1971) à la majorité des deux-tiers, majorité exigée du fait qu’il n’était pas encore Professeur.
- 30 janvier 1971- septembre 1973 : Président de l’Université de Tours (Délibération du Conseil d’administration du 30 janvier 1971 « approuvée » par arrêté du 19 février 1971 signé du ministre Olivier Guichard). Ces fonctions, neuves en France, et particulièrement lourdes dans une université multidisciplinaire dont les composantes sont souvent de création récente, retardent évidemment ses travaux personnels et repoussent l’achèvement de sa thèse jusqu’au 26 février 1972 (Sorbonne, mention très Honorable et Félicitations du jury), qui entraîne sa titularisation immédiate (1er mars 1972) dans son emploi de Maître de conférences (ancienne appellation, de catégorie A).
Sa présidence est d’abord marquée par le recrutement des administrateurs (secrétaire général, agent comptable, ingénieur des services techniques) et l’élaboration d’un organigramme, d’un règlement intérieur, puis par la mise en place de diverses commissions, commission culturelle en particulier pour gérer le « Théâtre de l’Université ». En effet, ayant mené à son terme la construction d’une « faculté des lettres » en projet depuis 1968, il a fait intervenir le Fonds d’action interministériel, placé près du Premier Ministre, pour que le « grand amphithéâtre » ne soit pas un simple amphi mais un vrai théâtre.
Opposé par principe au régime présidentiel, et voulant donc « faire tourner » la fonction, il remet sa démission au Conseil d’administration renouvelé en septembre 1973, et refuse de la reprendre. Il avait deux autres raisons d’abréger sa présidence au service de la recherche: ses activités de secrétaire de la Revue de Littérature comparée, et la mise en place des doctorats de troisième cycle. - 1974 : Nommé professeur sans chaire (1er janvier 1974) puis professeur titulaire (1er octobre 1974).
- 1969-1975 : Secrétaire du comité de rédaction de la Revue de Littérature comparée (RLC) fondée en 1921, la plus ancienne revue du monde dans cette spécialité novatrice. À l’instigation du professeur Jacques Voisine, il avait pris en 1969 cette charge, le directeur est alors Marcel Bataillon, administrateur du Collège de France, un « prince de l’université », chez lequel se réunit désormais chaque trimestre le comité de rédaction : Étiemble, R. Escarpit, et alii, deviennent ses amis. En 1975, il transmet la charge du secrétariat de la RLC à l’un de ses assistants devenu maître-assistant, mais il continuera de siéger au comité de rédaction, y compris quand Jacques Voisine puis Pierre Brunel succèdent à Marcel Bataillon, et le secrétariat de la RLC reste à Tours jusqu’à sa retraite (1991), après quoi il est promu à vie membre du comité d’Honneur de la RLC.
- 1974-1991 : durant sa carrière de Professeur des universités, il dirige le département de Littérature comparée, et l’équipe de recherche « Littérature et Nation », fondement d’une école doctorale interdisciplinaire (fédérant Lettres et Langues) et interuniversitaire (Angers, Caen, Le Mans, Limoges, Nantes, Poitiers). Pendant plus de vingt ans, étudiants de 3ème cycle et directeurs de thèses convergent à la fin de chaque trimestre, pour des « Séances de synthèse » d’une journée à Tours en décembre et en mars, et pour tout un week-end en mai au château d’Azay-le-Ferron.
- 1991-1998 : Professeur émérite, donc déchargé de cours, il multiplie publications et missions à l’étranger.
- Ancien président de la Société française de Littérature générale et comparée(SFLGC).
Responsabilités éditoriales
- Membre du comité d’Honneur de la Revue de littérature comparée.
- Vice-président de l’Association des amis de Jean Giraudoux (AAJG), membre de l’Académie Giraudoux, éditrice des Cahiers Jean Giraudoux (le n°46 va paraître en 2018).
- Président-fondateur de la Société internationale d’études giralduciennes (SIEG), dont tous les actes sont édités.
- Le dernier colloque international a eu lieu en 2018 à Bayonne (Actes dans les Cahiers Jean Giraudoux n° 47, Classiques Garnier 2019).
- Vice-président honoraire de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Touraine. Nombreuses communications dans les Mémoires de l’Académie de Touraine.
Thèmes de recherche
Giraudoux, mais aussi théorie du théâtre, Shakespeare, Hugo, Brecht, Yourcenar, Pierre Caminade, Florence Delay, Charlotte Delbo, Suzanne Lalique.